Un ver de terre s’en était pris à Dieu,
Rouge de colère, s'en est allé aux cieux.
Karavitchon, Karavitcha !
Ma terre n’est qu’une éponge
Trempée de sang, trempée de sentiments.
Ah, quel monde !
Lambeaux de chair, et puis l'épouse à terre,
S’en viennent faire leur tombe.
Je n’ai plus d’air, plus de secret
Pour tous ces moribonds.
Pon pon pon
Pon pon pon
Le ver de terre, avec ses couilles en plomb,
Vit le Saint-Père se dresser d’un seul bond.
Karavitchon, Karavitcha,
Quel est cet être immonde ?
Trempé de sang, trempé de sang,
Qui ment ! Ah, quel monde !
Qu’on me l’emmène hors de mon ciel,
Et qu’on lui coupe les rondes.
Je n’ai plus d’air pour cette bête
Qui me pèle le jonc !
Pon pon pon
Pon pon pon
Le grand Saint-Pierre fut chargé de mission,
Au ver de terre, lui coupa les bonbons...
Karavitchon, Karavitcha,
Le ver s’en fut sur terre,
Sans queue ni tête, et surtout sans affaires.
Voilà tout ce mystère.
Moralité, moralita de cette petite galère :
C’est que le ver, amputé de ses parties qui pendent
Et, paraît-il, sont fades,
Nous bouffent les nôtres sous la terre en criant :
"Quel plaisir, ah mon Dieu, je m’régale !"
Et que la vengeance, c’est une chance,
Que c’est un plat qui se mange froid,
Car, si c'était chaud, quels dégâts !